Les lames d’apparat ont, de tout temps, 
été rehaussé de décors d’or, 
soit par incrustation, soit par dorure.

Avant d’être, à cause de ses effets pernicieux,
 interdite par la législation du travail, on procédait à la

 

 Alfred Roseleur, dans son Guide pratique du doreur,…,
édité à Paris en 1873,  décrit cette méthode ainsi :

 

«  On taisait, avant l'introduction dans les arts des procédés hydroplastiques, à peu près tout ce qu'on fait aujourd'hui; mais le prix était plus élevé, la difficulté plus grande, et l'ouvrier était constamment aux prises avec un élément essentiellement délétère, le MERCURE. Il faut bien avouer aussi que lés produits étaient et sont encore, pour la plupart, supérieurs comme solidité, sinon comme apparence.

La dorure au mercure pouvait donc fournir l’or mat et l’or brillant, gratté-brossé ou moulu, et aussi les différentes colorations de l'or. On ne nous saura pas mauvais gré d'indiquer sommairement au moins les différentes méthodes ou tours de main employés.

Pour exécuter la dorure, où commence par préparer l'amalgame d’or par la méthode décrite pour la dorure au vif ou au sauté; (au centre d’un réchaud, on dispose un petit creuset dans lequel on verse un peu de mercure bien sec et bien pur, et lorsqu’il a atteint la température de 100 degrés environ, on y ajoute la moitié de son poids d’or ; on remue à l’aide d’une tige de fer, et l’amalgame qui se forme immédiatement présente à peu près la consistance du beurre. On verse le tout dans l’eau fraîche et l’y conserve jusqu’à l’emploi.) on a soin seulement d’employer assez peu de mercure pour que l’amalgame qui en résulte présente à peu près la dureté de la cire. Cet amalgame est essentiellement cristallin, et fait entendre une espèce de cri par la rupture de ses cristaux, quand on le presse entre les doigts. On prépare d'ordinaire une assez grande quantité de cet amalgame à l’avance, et on le divise en un certain nombre de petites boulettes d’égale grosseur, dont on connaît, par conséquent, la richesse par le rapprochement de leur nombre et de la quantité totale de l'or amalgamé. Si avec 8 grammes d'or, par exemple, on a formé dix boulettes égales d'amalgame, chacune représentera un demi-gramme d'or. On conserve d'ordinaire jusqu'à l'emploi ces boulettes dans un flacon plein d'eau, mais il faut avoir soin de ne pas les laisser trop longtemps en cet état, car le phénomène de la liquation s’opère, et les différentes parties du tout ne présentent plus la même composition. En un mot, l'or se sépare en partie du mercure.

Pour employer cet amalgame, on commence par retendre avec le doigt sur une pierre dure semblable à un évier ordinaire et qu’on nomme pierre à dorer ; puis, ayant trempé un gratte-bosse en fil fort dans une solution d'azotate de bioxyde de mercure, de manière à ce qu'il se blanchisse complètement, on le porte sur l’amalgame dont il enlève facilement une partie. On gratte-bosse ensuite en tous sens l’objet que l’on veut dorer et que l'on a préalablement bien décapé. On a soin de mouiller souvent le gratte bosse au gaz de mercure (nitrate de mercure très-étendu d’eau), et la solution dont il est imprégné, s'étendant facilement sur l’objet à dorer, permet également à l’amalgame de s'appliquer d'une manière uniforme.

Cette opération nécessite un grand soin pour que les fonds et reliefs reçoivent une couche égale d'amalgame d’or.

Lorsqu'on doit épargner le derrière d'une pièce, il est bon de dorer néanmoins son exergue et aussi un peu le rebord extérieur, pour que le cuivre à nu ne puisse réagir sur la dorure dans les opérations ultérieures.

Lorsque l'objet a été ainsi bien également recouvert d'amalgame, on le porte sur un feu de charbon sans tirage et qu'on dispose, pour cette raison, sur une sole ou sur une plaque de fonte.

C'est le moment ou l'opérateur doit surtout surveiller le travail. Muni, de la main gauche, d'un gant épais de peau de daim, il tourne et retourne en tous sens la pièce soumise à l'évaporation, et à mesure que le mercure disparaît, il frappe de la main droite et en tous sens à l'aide d’une brosse à longues soies pour égaliser la dorure et faire passer ce qui reste d'amalgame sur les parties qui lui paraissent moins chargées.

Lorsque l’action de la chaleur a été suffisante pour volatiliser la totalité du mercure, la dorure apparaît avec une couleur terreuse et jaune verdâtre qu'on nomme le buis : c'est à cet instant que l'artiste doit s’assurer que l'or appliqué ne présente aucun faible ou solution de continuité, auquel cas il devra remettre une nouvelle quantité d’amalgame et chauffer à nouveau.

On procède ensuite au gratte-bossage, qui fournit une dorure verte et pale, qu’on fait dans tous les cas chauffer à nouveau pour la faire revenir.

On dit que la dorure est revenue, lorsque, après emploi de chaleur suffisante pour volatiliser les dernières traces du mercure, elle prend une bette couleur jaune orangé.

On peut, à ce moment, procéder à deux opérations distinctes, selon qu'il s'agit de produire du brillant ou du mat.

Les doreurs au mercure n'emploient pas l'or vierge; il faut que celui dont ils se servent soit allié à l'avance d'une petite proportion de cuivre ou d’argent. Lorsque ce dernier corps y domine, la dorure est verte; quant à la dorure rouge, elle s’obtient tantôt à l'aide d'un or moulu foncé, tantôt par l'emploi du vert à rougir »